« Alésia était florissante et magnifique. Elle était la plus belle cité dont un homme pouvait rêver : calme, épanouie, vivante. Tout autour, le Royaume d’Alésia était un havre de paix, chaleureux et accueillant. Tout allait bien.
C’était absolument… Répugnant.
J’ai lancé mes troupes à l’attaque. Les Démons ont déferlé sur Alesia avec toute l’ardeur que leur offrait la perspective proche de notre règne sur le monde. Commença alors la guerre la plus gigantesque et dévastatrice de tous les temps. Les Vampires se sont joints à nous, et leur soif de sang s’est mêlée à notre haine. Les Elfes et les Anges (qui, enfermés dans une situation des plus pathétiques, se créaient de plus en plus d’ennemis en bannissant tous ceux d’entre eux qui commettaient les moindres délits) se sont alliés pour tenter de nous repousser.
Mais nous sommes les plus forts.
Ici commence la mort d’Alesia, ainsi que notre règne. »
Ramus, Roi Démon. Ecrits des Conquérants, tout début de la guerre d’Alesia.
Bibliothèque Brûlée.


« On a retrouvé de mon mari que le tronc. Il flottait dans l’eau, comme ça, sans bras ni jambes. J’comprends pas, moi. Il était bon, il avait jamais rien fait d’mal mon Fangor ! Il pêchait juste… On dit que ce sont des démons de l’enfer qui viennent nous voler nos vies. Si c’est vraiment ça, alors j’le dit au nom d’toute ma famille et d’feu mon mari : nous sommes perdus. »
Madame Grantor, veuve et mère de famille. Témoignages de la Guerre, tout début de la guerre d’Alesia.
Grande Bibliothèque.

« Ils sont d’abord arrivés du Sud. Ils ont commencé par tuer et torturer quelques humains qui s’aventuraient trop loin de la ville. Puis ils ont tué un des nôtres. Un éclaireur vient de me revenir, et a confirmé mes pires craintes : les vampires se sont ralliés à leur cause. Notre alliance avec nos frères Anges nous sauvera peut-être. Nous avons de nombreuses ressources et magies qu’ils ne connaissent pas. Nous avons une chance. »
Elwïn Elastar, Reine des Elfes. Parchemin retrouvé dans un temple au fin fond des forêts de Symphonia, datant de quelques mois après le commencement de la guerre d’Alesia.


« Les portes de l'Enfer se sont ouvertes. Les sombres portails vomissent par milliers des cohortes de démons qui ravagent le royaume terrestre, anéantissant les unes après les autres les armées que nous envoyons à leur rencontre. Les Elfes, nos alliés, défendent vaillamment le territoire forestier, mais ils ne sauraient tenir éternellement... Ils pensent que nos forces sont inépuisables, nos pouvoirs suffisamment puissants pour contrer à la fois la vile nécromancie des vampires et la magie démoniaque du Roi.
Ils se trompent... »
Prince Merwin Iliandor, Général des armées angéliques. Fragment d'un journal retrouvé dans les ruines carbonisées de la cité blanche d'Al-Celebor, datant de quelques mois après le commencement de la guerre d’Alesia.

« Plus rien... je ne sais combien de temps s'est écoulé depuis la première attaque, mais il ne reste rien du camp. Les monstres assoiffés de sang ont surgi de l'obscurité par centaines, guidant vers nous leurs serviteurs trépassés.. nos anciens camarades…Mort... Ils sont tous mort... mort... MORT !! MOOORT!!.... Ils vont revenir… Oui... j'ai réussi à me cacher jusqu'à maintenant mais Ils sont là... je le sais... je sens cette odeur atroce.. Ils... »
Note retrouvée sur le cadavre exsangue d'un soldat régulier alésien à l'Est d'Imbolt, datant de sept mois après le commencement de la guerre d’Alesia.
Grande Bibliothèque.

« On dit que le roi et la reine des Anges et des Déchus se sont entretués. On dit aussi qu’ils ont immédiatement étés succédé sur leur trône, mais on ne sait pas par qui. Ils se retireront sûrement de la bataille… Les Elfes sont mal barrés. »
Paroles de comptoir prononcées par une succube, aux Enfers, dix mois après le Commencement.


«Cela fait trente ans maintenant… Trente ans de batailles en notre délicieuse éternité, enfin récompensés. Les Elfes ont abandonné leur cité, ils ont fui. Les Vampires n’avons plus à présent d’intérêt à la guerre, je vais retirer mes troupes et laisser les Démons continuer seuls. L’heure est venue pour moi de fonder une véritable cité non-vivante, une crypte horrifique où nous serons enfin chez nous. »
Carnet de bord d’Ysabella, reine des Vampires, trente ans après le Commencement. Sanctuaire des Pages Oubliées.

« Enfin ! Enfin nous les avons repoussés ! La joie est ici à son comble, et nous avons fort bon espoir pour la suite. La défaite des Elfes n’aura pas servi à rien : sans les Vampires pour les aider, nous sommes en mesure de contenir les Démons. Une toute autre vision de l’avenir s’offre enfin à nous, la paix sera peut-être au bout du chemin ! »
Prince Merwin Iliandor, Général des armées angéliques. Fragment d'un journal retrouvé dans les ruines carbonisées de la cité blanche d'Al-Celebor, cinquante ans après le Commencement.

« Cette terre est étrange. Nous n’aimons ni les démons rouges, ni les anges blancs, mais notre campement a été attaqué par ceux de l’enfer. Nous les avons vaincu, et vu leur nombre, je pense que nous avons beaucoup aidé les oiseaux blancs, bien qu’ils ne le sachent pas. Nous nous retirons de ces terres en guerre pour le moment, mais nous aimons ses plaines, et reviendrons lorsque la paix sera instaurée. »
Kaï’Orok, Seigneur de Guerre orc, Mémoire des Tribus, cinquante ans après le Commencement. Livre retrouvé au cœur des steppes des tribus.

« Le départ fut difficile pour tout le monde, et je sens bien que nombreux sont ceux qui se demandent s'ils ont prit la bonne décision, qui regrettent peut-être même. Ceux-la je ne peux que leurs demander de faire confiance à nos dirigeants. Notre peuple n'est plus uni... mais malgré les difficultés que nous rencontrons et celles qui sont encore à venir, une certitude s'impose à moi. Notre sort est mille fois plus enviable que celui que vont endurer les hommes restés en Alésia. Nous allons souffrir, mais au moins nous allons survivre. »
Soldat Meriadek, Extrait des Témoignages de la Guerre, soixante-seize ans après le Commencement.
Grande Bibliothèque.

« La guerre stagne… Aucun parti ne prend le dessus… Les ombres émeraude veillent alentour, invisibles et silencieuses… Les Humains se sont divisés en deux clans depuis déjà trente ans, cela causera leur perte… Ils auraient dû rester ensemble les imbéciles… Même en ayant repoussé une fois les Démons, ni eux ni les Anges ne vaincront… Ils mourront tous… Leur seule chance de survivre est l’alliance, mais oseront-ils… ? »
Auteur inconnu, présumé métamorphe. Bout de parchemin retrouvé à la lisière de laforêt d’Imbolt, plus de cent ans après le Commencement.

« Eh bien, il leur en aura fallu du temps ! Ils vont enfin pimenter le jeu ! Hahaha ! Les Anges et les Humains… quelle alliance absurde. Et ils croient pouvoir nous vaincre grâce à ça ? Haha ! Foutaises ! Ils ne seraient bons qu’à mettre en déroute une bande de Démons Esclaves à peine entraînés ! Cela ne servira qu’à nous amuser un peu plus. Heureusement d’ailleurs… Car après toutes ces années, on commençait sérieusement à s’ennuyer. Que la fête commence ! »
Discours prononcé par un général de l’armée infernale, cent quinze ans après le Commencement.

« L’alliance des Anges et des Humains fut une catastrophe sans nom. Alors qu’ils pensaient tous, en unissant leur force, pouvoir repousser et vaincre l’envahisseur, ils n’ont fait que perdre lamentablement. En dix ans à peine, alors que la Guerre durait depuis déjà un peu plus cent ans.
Les Démons gagnèrent donc la Grande Bataille. Mais Ramus mourut assassiné quelques mois plus tard. Personne ne sait exactement qui le tua, mais je suis presque certaine que Balthazar y est pour quelque chose. Je ne l’ai jamais rencontré qu’une fois, mais ce fut suffisant pour jauger l’avidité de son âme. J’espère un jour pouvoir passer une alliance avec lui.
Après la mort de Ramus, tout cessa. Alesia n’était plus que cendres et poussière, à peine le reflet d’elle-même. Les peuples agonisaient. Nous, les Anges Déchus, qui n’avons pas pu prendre réellement part à la bataille à cause de notre trop faible nombre, nous nous étions rassemblés, et avions créé un véritable royaume. Le Pandémonium. En Alésia, chaque race se relevait doucement, retrouvaient ses pairs. Les Vampires avaient déjà, à notre instar, fondé un royaume, la Crypte Apocalyptique. Alors, les autres, les Humains, les Elfes, les Anges, entreprirent la même chose. De nouveaux peuples apparurent. Les Orcs, de grands humanoïdes verts aussi robustes que des Démons, sont venus s’installer dans les plaines en prônant leur neutralité. Les Métamorphes, de fourbes et mystérieuses créatures capables de changer leur apparence selon leur volonté, s’installèrent eux aussi un peu partout, invisibles. On dit que beaucoup d’entre eux sont des mercenaires, car ils sont des voleurs et des assassins sans précédents. Les Nains, des hommes miniatures, choisirent leur foyer sous la montagne du nouveau royaume des Humains, et pactisèrent avec eux. Ce sont désormais de très grands alliés, et leur force est reconnue de tous. Les Elfes s’enfoncèrent encore plus profondément dans les forêts de Symphonia, s’isolant du monde. Les Anges descendirent un peu du ciel, élurent domicile sur une montagne gigantesque et sempiternellement enneigée. Les Démons retournèrent aux Enfers. Et les Lycans, qui comme nous, n’ont guère prit part à la Grande Guerre, fondèrent une Tanière. Mais ils sont très solitaires, génétiquement, et de ce fait, peu d’entre eux y résident réellement.
La reconstruction des peuples depuis la mort de Ramus dura un peu moins de deux cent ans. Et maintenant, dans les cendres et le sang, les guerres s’apprêtent à recommencer, les alliances à être passées.

Nous voilà, aujourd’hui. »
Trauma-Nakan Strix, Reine des Anges Déchus. Extrait du Livre Noir, de nos jours.
Bibliothèque Interdite.